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Dernière mise à jour : samedi 16 février 2013

 

Est à votre disposition Ce livre appartenait à la bibliothèque Alain Cabello, offert en 2008 à la bibliothèque du CFDRM
 

 

 

Traduction de l'ouvrage de 1672
en français moderne

La retranscription de la version de 1672 en vieux français du livre (chapitre) "Discours des bains et antiques exercitations grecques et rommaines" de Guillaume Du Choul, n'a pour but que de faciliter sa compréhension par le plus grand nombre. J'ai tenté, sûrement très maladroitement, de conserver la poésie du texte tout en donnant au CFDRM une base de travail consultable par tous et permettant les copier/coller et les liens hypertextes.
Chaque numéro de feuillet contient un lien hypertext vers la version d'origine qui vous permet de naviguer avec aisance mais aussi un lien vers l'exégèse que je propose sur la place du
massage chez Du Choul. Vous pouvez également voir le scan de la BNF, vous rendre sur place pour le consulter ou passer à la bibliothèque du CFDRM. J'ai souhaité le laisser le plus possible dans son jus, avec les fautes d'orthographe et de grammaire et n'intervenir sur sa sémantique que lorsque cela s'avérait vraiment nécessaire.

Dans son avis au Roy, il s'adresse en faite à roi Henri II.

Alain Cabello

 

 

 

Nom des personnes citées dans cet ouvrage que vous pouvez retrouver dans le texte en appuyant sur la touche F de votre clavier, tout en maintenant enfoncée la touche Ctrl :
Agrippe, Choul, Agrippa, Néron, Domitien, Antoine, Cicéron, Térentia, Quintus, Pline le jeune, Pline l'ancien, Vitruve, Joseph, Hérode, Herodian, Cléandre, Commode, Aristippe, Caton, Alexandrinus, Macrobe, Nundina, Aristote, Héliogabale, Lampridius, (boreas, Nothus, Eurus, & Zephirus), Apulée, Fabius, Aristophane, Columelle, Theophraste, Dioscoride, Galien, Antiphanes, M. Aurelius Antoninus(Marc Aurèle), Trajan, Platon, Adrian(Hadrien), Antonnin Pie(Antonin le Pieux), Severus, Possidonius, Cephisodorus, Hipponax, Aeschylus, Ctesias, Dioclétien, Xenophon, Lycurgus, Publius Licinius Crassus, Athenæus, Sosibius, Epilycus, Lucilius, Scipion l'Africain, Julius Pollux, Auguste, Romulus Pollio, Antiphanes, Démocrite, Cérès, Themistocles, Minerve, Lucain, Hercule, Achéloüs, Pausanias, Dioreus, Alcimachus, Dioxypus, Patrobius, Leonatus, Méléagre, Alexandre le Grand, Virgile, Myron, Milon de Crotone, Sostratos de Sicyone, Phenestius, Pittacus, Celse.

 

Des bains et

antiques exercitations

grecques et rommaines


Dernier chapitre *


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Correspondance en vieux français
Correspondance exégétique

AU ROY.

Sire, ces jours passés alors que je suis en votre royale maison de Fontainebleau, je me pris à regarder ce qui a souvent mis les esprits des bons Architectes en admiration et entre choses, votre galerie, et que les personnages qui y sont, faits par telle diligence, qu'ils surent bien rire du naturel, et à les bien voir l'on penserait que ce fut la nature même. Si la peinture est belle, la decoration du stuc n'en n'est pas moindre et pour raison ses fruits étant plus plaisant que les naturels, d'autant que ceux-ci se dépouillent de leur fleurs, et, en changeant leur couleur, s'envieillissent et laissent leur beauté, alors que ceux-là montrent une primevère perpétuelle, et les fleurs immortelles de sorte que ceux, qui s'en approchent, croyants recevoir l'odeur suave des fleurs et des fruits, reçoivent la senteur par grande risée. Là ne se trouve rien d'affecté ni de trop, ni choses que l'on puisse reprendre. Quant à la doreur, le peintre en a mis assez, sans superflu. Ce qui enrichit le lambris par si grande grâce, que l'on jugerait que c'est un Ciel accoutré de ses étoiles, avec certains espaces tellement distants de l'un a l'autre, qu'ils font montrer que l'or n'y demeure point ocieux, mais y est mis pour rendre le lieu (quand le soleil se jette dedans) plus delectable.

* Ce qu'il appelle Dernier chapitre est en fait un livre qui vient en clôture de deux autres sur la numismatique et l'art militaire romain.

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Correspondance en vieux français
Correspondance exégétique
Outre toutes ces choses-là, si nous voulons parler de son regard, il est découvert, sans qu'il soit empêché d'aucune part, et si bien disposé, que la maison n'en est plus que belle, plus élégante, et digne de plus grande louange. Pour ce qui est de votre verger royal (qui est accoutré de chemin spacieux pour se promener) et sur le grand jardin, se voit l'étang, par les bords garni d'une saussaie, qui présente aux regardants une grâce de verdure si grande, que l'on croirait être dans une demeure divine, et que les Dieux sont venus choisir ce lieu, pour inviter les nymphes à la musique. De quoi ne se faut ébahir, car le regard des choses belles a eu grande force et pouvoir d'attirer à soi le cœur des Dieux. Et entre les autres singularités de votre bâtiment, vos thermes, Sire, et vos bains, sont faits par telle diligence et somptuosité, qu'à les bien regarder, ils peuvent tenir la comparaison avec ceux de M. Agrippe [1]. Par quoi, quand je suis venu à considérer combien cela été beau pour le contentement de l'oeil, utile, et le profit que cela apportait aux anciens pour la santé du corps, je me suis mis au devoir, suivant votre  commandement, de vous en donner la connaissance par la lecture de ce petit livre que je vous présente, accompagné du vouloir très humble du Bailly des Montagnes, votre très obéissant serviteur qui vous supplie très humblement de lui faire tant de faveur et de bien, que de le mettre au nombre de ceux que vous tenez en obéissante servitude auprès de vous.

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Correspondance en vieux français
Correspondance exégétique 

Discours Des
bains et antiques exercitations
grecques et rommaines

 

Ecrit par Guillaume du Choul, Gentilhomme Lyonnais, Conseiller du Roy, et Bally des Montagnes du Dauphine.

 

Pour avoir, Sire, la connaissance du premier usage des bains, thermes, & gymnases où se lavèrent jadis les anciens, l'on pourra sommairement voir par ce petit discours, ou abrégé, ce que nous en lisons des Histoires Grecques & Latines. Chose, qui toujours servira pour l'intelligence de l'antiquité sacro-sainte. Il faut donc entendre pour le commencement, que les thermes publics furent ordonnées aux anciens Grecs & Rõmains pour se laver, & pour la santé comme furent les thermes Agrippiniennes, Néroniennes, Domitiennes, Antoniennes, & autres : la grandeur & magnificence desquelles se voient par les ruines, qui sont à Rome, lesquelles pouvaient être comparées à l'un des sept spectacles

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Correspondance exégétique
du monde[2] : tant elles étaient construites avec labeur, et prodigieuse dépense, enrichies d'une infinité de colonnes de marbre différent, qui avaient été amenées des dernières régions, et quasi de tout le monde : de manière que les montagnes desquelles ont été tirées ces grosses pierres, se plaignent encore aujourd'hui de la puissance des Rommains et la mer pleure encore le grand faix [3], et de la charge qu'elle a portée. Toutefois devant Agrippa, Néron, Domitien, et Antoine, la chose était bien venue à tel point, que les gentilshommes Rommains les faisaient édifier en leurs maisons dont la somptuosité singulière : comme nous l'écrit Cicéron dans ses épîtres à Térentia sa femme, et à Quintus son frère, quand il leur demande qu'ils donnent ordre qu'une cuve soit mise dans ses bains, afin que l'on soit certain en Asie (où il était Proconsul) de la diligence que l'on avait à bien édifier les bains dans sa ville Arpinate. Depuis le temps, semblable chose fut continuée comme nous l'enseigne plus clairement Pline le jeune, par la description de sa ville Laurentine de laquelle, outre les autres structures & édifices, il loue le gymnase, ses bains frigidaires, les baptisteres, l'unctuaire, l'Hypocauste Image, la piscine chaude, les zetes, le stibade, & l'heliocamine. Hors, parce que tous ces noms sont tirés de la fontaine Grecque, je me mettrai au devoir de les éclairer particulièrement, & de montrer ce qu'en ont maintes fois tiré les gens doctes en admiration. Avec les bains se faisaient des jeux & des exercices souvent entremêlés avec les bains, les disputes des gens doctes & vertueux. Je ne doute pas que l'on trouve ça étrange mais cela fut toutefois observé & consigné par des anciens comme Pollio (Vitruve) l'écrit

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Correspondance exégétique
au cinquième livre de son Architecture, & comme encore fait Joseph, parlant du Roy Hérode, quand il dit qu'il avoir édifié à Tripoli & à Damas des bains publiques (qui furent nommés gymnases) & à Bibli (peut-être Byblos Liban) exèdre, sores & portiques. Encore Herodian dans le premier de ses livres, récite que Cléandre (serf de Commode, par lequel il fut poussé si haut, qu'il le fait Capitaine de sa garde, & lui donna la super-intendance de la gendarmerie) des grandes richesses qu'il avait amassé, il fait bâtir un gymnase ou une école fort magnifique, pour que chacun s'exerce à la lutte, & aux autres armes : ainsi que des bains qu'il donna au peuple, ou l'on pouvait aller se laver sans rien payer. Ainsi donc, pour montrer que les Philosophes allaient aux gymnases pour discuter, écoutons Vitruve, qui dit, parlant d'Aristippe, philosophe Socratique, jeté par fortune de mer au port de Rhodes, qu'après qu'il eut vue des figures de Géométrie, commença à crier à ses compagnons qu'ils devaient espérer quelque bonne chose, parce qu'il avait vue la trace des hommes & soudainement s'en alla à la ville de Rhodes, et tout droit au gymnase où, après qu'il eut discuté de Philosophie, lui furent faits plusieurs présents. A ce propos servait les paroles fécondes de l'Orateur Cicéron, qui écrit que les auditeurs du Philosophe, aux gymnases, étaient  trop plus aises de voir le disque que le Philosophe, lequel, s'il commençait à disputer de choses graves & ardues, ils le laissait, pour s'aller oindre, au milieu de son oraison. Par ces mots, & par la sentence de ces Auteurs, facilement l'on pourra connaître que les gymnases furent en usage pour l'exercice du corps & de l'esprit & que les bains & gymnases furent une même chose & que la disputation était au

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nombre des autres exercices, pour garder la bonne santé. Au demeurant nous laisserons/eserions particulièrement les parties de nos thermes & bain, pour après suivre les exercices  du gymnase, de la palestre, & des lieux nécessaires, ou s'exerçaient les palestrites. Nous commencerons par l'Hypocauste Image qui était le lieu ou l'on faisait le feu pour chauffer comme pour le pain, à la façon des fourneaux que l'on voit encore chez les barbiers et les teinturiers. La bouche se nommait Praefurnium, comme l'écrit Caton dans son livre de la chose rustique, quand il nous enseigne de quelle hauteur & largeur se doit faire la fournaise de la chaux. Toutefois, pour savoir le nom de ces vases, ou pour l'usage des bains, l'eau se gardait, Vitruve, le plus diligent de tous les Architectes, nous l'enseigne, quand il écrit de ces bains la disposition, le lieu, la situation, & la structure ; disant que par dessus l'Hypocauste il faut mettre trois vases d'airain : l'un nommé Caldaire, contenant l'eau chaude : l'autre Tepidaire, pour l'eau tiède : & le troisième Frigidaire, recevant l'eau froide, qui venait par le dessus des thermes tomber dans une cuve de marbre, dont elle descendait par un raccord au vase Frigidaire de l'Hypocauste, puis au Tepidaire, & conséquemment au Caldaire, comme plus clairement le nous montrera la figure ci-après mise.

 

 

 

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Correspondance en vieux français
Correspondance exégétique 

(Gravure d'un Hypocauste.Image)

 

 

 

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Correspondance exégétique
Toutefois Galien a divisé les bains en quatre lieux séparés : le premier était l'Hypocauste que Sénèque nomme le sudatoire et par la chaleur duquel l'on provoquait la sueur comme nous le faisons dans nos étuves d'aujourd'hui. Le second lieu était le Lavacre, où était la cuve, nommée Labrum qui était ordonnée pour laver tout le corps avec l'eau chaude. Le troisième bain servait pour se laver d'eau froide & au quatrième, ils abattaient la sueur & nettoyaient avec des strigiles Dossier sur le strigile & des éponges. Je crois que l'eau venait par tuyaux des vases dont à parlé Vitruve par les fontaines de bronzes de l'Hypocauste. Ce qui a fait dire audit Galien, au livre troisième, qu'il a garder la bonne santé parce que le bain était divisé en chaud, en tempéré, & en froid : qui sont les trois vases desquels nous avons parlé ci-dessus. Ces lieux servaient anciennement pour quatre choses. La premiere, pour nettoyer le corps : la seconde , pour la chaleur, l'autre pour la santé & la dernière, pour la volupté, comme le dit aussi Alexandrinus [**] qui rejette cette dernière, disant qu'il faut prendre le bain pour se nettoyer, & pour la santé seulement. Le Baptistère se voulait édifié au lieu le plus secret de la maison dont les uns étaient chauds, & les autres froids. Ce que montre Pline ad Apollinarem/par le culte d'Apollon ? dit que le Baptistere grand, & spacieux, se trouvait dans la pièce frigidaire & là, les anciens se plongeaient entièrement pour se laver. C'est l'origine du nom de Baptistere, que nous avons en nos églises où, selon notre religion Chrétienne, sont baptisés les enfants qui reçoivent leurs noms, après qu'ils ont été par trois immersions purgés. Par quoi il ne sera point mauvais de montrer la coutume

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des anciens à ceux qui ont ignoré jusqu'à présent, que, neuf jours après qu'ils étaient nés, on les nommait par leurs noms & ce jour était appelé Lustrique, comme Macrobe en témoigne, écrivant que les Romains avaient une Déesse de grande religion qu'ils nommèrent, pour le neuvième jour de ceux qui étaient nés à Nundina à cause des enfants qui étaient lustrés, & prenaient leurs noms de ce jour là. La raison était, suivant l'opinion d'Aristote, que devant le septième jour, les enfants demeurent exposés à plusieurs inconvénients alors qu'au contraire, la coutume des Athéniens, & quasi de toute la Grèce, était d'imposer le nom à leurs enfants au dixième jour de leur nativité.
Les piscines au commencement furent des lieux donnés pour tenir le poisson. Depuis, la coutume vint que tous lieux natatoires où l'on pouvait se baigner étaient nommés par les anciens : Piscines, &, quand bien même les Romains les eussent en leurs thermes publics, la piscine servait aussi de Lavacre froid & chaud aux maisons privées, pour nager, & pour se laver : comme nous le savons par Cicéron : qui demandait en ses bains plus grande Piscine, où les bras en nageant ne se fussent point rencontrés. L'Empereur Héliogabale (ainsi que nous lisons en Lampridius) fut si dissolu, qu'il ne voulut que se laver ou nager dans des piscines qui ne fussent teintes de safran, ou d'autre composition bien noble.
Les Zetes (proto-hammam), comme l'on pourra le savoir par le jeune Pline (qui les a nommées ses délices) étaient des lieux édifiés dans les maisons pour la récréation de l'esprit, & plaisir du corps. Les unes étaient carrées, les autres hexagones, & octogones à savoir

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Correspondance exégétique
à six, & huit pans :  de manière que le soleil y battait tempérément, depuis qu'il se levait, jusque à ce qu'il se couchait, par le cours qu'il fait tout le jour et sur les pans de la partie du midi, les Romains y faisaient mettre des contre-fenêtres pour temperer l'ardeur du soleil, jusqu'à ce qu'il s'en allait. Par ce moyen le lieu, bien architecté, était orné triomphalement, plein de jour, & odorifère, comme une demeure divine & c'est là que s'ébattaient secrètement les anciens romains avec délices & plaisirs. Le lieu était secret & séparé du bruit de la maison, accompagné de plaisant & gracieux vergers, de portiques ou de galerie pour se promener. Des zetes, l'entree n'était permise qu'aux Princes, ou bien au maître de la maison, qui demeurait en ce lieu, accompagné de sa femmes, de ses amis, de Gentilshommes & demoiselles : & souvent les Princes vertueux y faisaient venir  gens de savoir & de vertu pour parler de bonnes lettres, de la peinture, de l'architecture & autres arts excellents. Par ces moyens jouissaient les Romains de la félicité de ce monde.
Les antiques eurent les stibades, ainsi nommés pour les herbes que les Grecs nommèrent sibúdus : desquelles les anciens avaient coutume de faire de petits lits de terre couverts de verdure pour avoir de l'ombre & pour repousser, l'été, l'injure du soleil, comme nous le faisons encore aujourd'hui mais, au lieu qu'ils sont fait de bois à la façon de petites chambres ou cabinets couvert de vigne, de jasmin, de smilax, ou autre verdure, ils les édifiaient de marbre blanc environné d'ouvrage topiaire, pour y manger non seulement avec leurs amis, mais encores avec leurs municipes, & étrangers en grande somptuosité de délice.

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Correspondance exégétique
Heliocaminus était un  lieu incrusté & voûté, & totalement exposé au soleil : dont il recevait la chaleur du jour la plus véhémente :  & le seul non Grec nous fait connaître que c'est une fournaise du soleil.
Il se trouvait encores en ces bains le Spheristere, fait en forme ronde, commode pour le jeu de la paume, & autres diverses exercitations. En ce lieu (comme le recite Tranquillus "Suétone") Vespasian l'Empereur ne faisait autre chose que de frotter ses membres, pour garder sa bonne santé. Les autres principales mentions des bains étaient appelées des Grecs lhgróh.
L'Apodytaire était un lieu ordonné pour se déshabiller & dévêtir avant d'entrer aux bains : où se tenait un officier, nommé des anciens Capsaire : qui avait la charge de garder les robes & accoutrements de ceux qui venaient de la palestre.

Au plus près de l'Apodytaire était l'Unctuaire, habitation amène & élégante qui se trouvait pleine de délicates & prestigieuses unctions qui était garnie de deux entrées, pour recevoir ceux qui venaient de la palestre.
La troisième maison servait pour se laver d'eau froide (que les Grecs ont nommée lvtrós) et devait, surtout le Lavacre froid devait avoir le regard sur boreas (que nous appelons le vent de bise) & fuir le soleil du midi. Tout au contraire, se laver d'eau chaude (qui demandait un grand Soleil & plus de chaleur) était mise contre les vents de Nothus, Eurus, & Zephirus. Si la maison était accompagnée des lieux propices pour suer, faite de forme ronde, était nommée des Grecs laponica, (Laconie) pour les Lacedemoniens, desquels l'on recevait à l'entrée, par une allée, le chaud si suave & si doux, que les personnes n'étaient point surprises ni suffoquées de la chaleur. D'aucuns ont voulu ajouter une quatrième demeu-

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Correspondance exégétique
re aux thermes, appelée École, ample, & spacieuse pour recevoir ceux, qui étaient vêtus, & qui attendaient des bains leurs familiers & compagnons. En ces thermes l'on trouvait des sièges pour s'asseoir & pour se reposer : les uns faits en forme d'hémicycle, & les autres carrés, pour servir les Romains, qui prenaient le soleil & l'ombre de matin & de soir, tout ainsi que la commodité le requérait. Le lieu, ordonné pour les bains, se trouvait triomphant, & l'habitation intérieure pleine d'aménité & l'élégance, claire & resplendissante, & toutes les appartenances illustrées de lumière & de grand jour, de portiques peints au frais pour se promener, & propices pour se réjouir : qui dépassaient de magnificence & de beauté, pour leurs colonnes & peintures, toutes les autres habitations. Quand à la decoration du frontispice, il était enrichi de deux statues de marbre, ou de bronze : dont l'une était consacrée à Esculape, & l'autre dédiée à la Santé : lesquelles montraient une face élégante & splendide, que les Grecs ont nommé iuruqmiu, que nous disons forme venue & bien proportionnée : qui montre par destination des membres la chose belle avec delectation. Les autres parties, nécessaires pour la commodité des bains, sont assez connues par ce que Vitrvue en écrit au cinquième livre de son Architecture. Quant à la cuve, nommée Labrum, la semblance se voit par celles, qui sont devant la Rotonde de Rome (l'une desquelles je représenterai ci-après) & celle de porphyre, qui est en l'église de S. Denis en France.

CVVE

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Emplacement d'une gravure de Labrum édition de 1672.

Il demeure à voir par figure les Strigiles (que nous pouvons nommer des Étrilles à étuves) à ceux qui n'ont vu celui que j'ai présenté à votre majesté (qui est fait selon la description d'Apulée, au commencement du livre second de ses Florides) & par celui de bronze doré que j'ai entre mes mains, fort antique.

STRI

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Correspondance exégétique

Emplacement d'une gravure de deux Strigiles.

Et parce que ceux qui verront les strigiles pourront en demander l'usage, il faut qu'il entendent que les anciens Romains les faisaient porter aux bains par leurs pages, quand ils allaient aux thermes, avec les guttes (comme l'on pourra voir ci-après) pour abattre la sueur, au lieu que nous usons de couvre-chefs : & les faisait faire d'or, d'argent, & de bronze : Strabon, au quinziéme de sa Géographie, récite que les Indiens, entre les autres exercitations, avaient coutume de se polir le corps avec de légères strigiles d'ébène. Les plus délicats des anciens Romains (comme nous lisons en Pline) usèrent d'éponges pour les strigiles : qu'ils faisaient teindre en écarlate, pour leur délices : & souvent, les faisaient blanches, par grande singularité.

HERVS

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Correspondance exégétique

Emplacement d'une gravure : romain et son laveur. Image

Guttus, ou le gutte, que nous avons vu ci-dessus, fut ainsi nommé, parce que la liqueur (l'huile) en descendait goutte à goutte. Les grands Princes & les plus nobles les avaient de licorne, & la plus grande partie (des possesseurs, les avaient) de verre, ou de corne de buffle. De ce vase usèrent les Romains en leur bains, pour tenir les huiles odoriférantes, desquels, après qu'ils étaient lavés, ils se faisaient oindre, unir, & adoucir la chair : comme l'on pourra voir par la figure, que j'ai emprunté de Fabius, aux simulacres qu'il a faits de la cité de Rome.

C

BAIN

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Correspondance exégétique

Emplacement d'une gravure pleine page :
scène de bain dans un Labrum.Image

 

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Les mixions toutefois & compositions en furent différentes. Car les uns demandaient les huiles composés de fleurs : comme le Rhodinum, qui était de roses, & le Lirinum, des fleurs du lis : ou du Cyprus qui a la fleur blanche & bien fort odoriférante. Il vient en plusieurs lieux mais c'est en l'île de Chypre qu'il passe d'odeur suave tous les autres. Les anciens eurent encore entre les huiles, le Baccarin : duquel parle Aristophane, l'herbe est nommée Baccar qui porte une fleur de couleur de pourpre dont la racine en quelque chose porte la senteur du cinnamome. Il s'en trouve assez en notre France lequel est appelé vulgairement Cabaret par transposition de lettres. Ils eurent aussi l'huile Gleucin & Myrrhin en grands délices. Le Gleucin se faisait de mou, que les Grecs appellent gleuc, combien que Columelle, au cinquantième chapitre de son treizième livre, le compose de simples odoriférants. Pline a mis cette huile dans les espèces des artificielles, disant, qu'elles sont froides, au vingt-troisième livre de son histoire naturelle, ce qui est encore contre l'opinion de Theophraste & de Dioscoride. Le Myrrhin se composait de myrrhe, & desséchait suffisamment. Nous avons perdu l'usage de telles compositions, parce que la myrrhe, que l'on apporte aujourd'hui d'Alexandrie est entièrement contrefaite & sophistiquée : & en vient bien peu de la vraie en France & en Italie, j'entends de celle que Dioscoride a laissé par écrit, transparente comme la corne de boeuf. Les autres huiles se faisaient des feuilles d'herbes comme ceux qui étaient de marjolaine, de lavande, & de la fleur de vigne sauvage qui furent dits Amaracinum, Nardinum, & Oenanthinum. Les autres se composaient de la racine & écorce des

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arbres comme le Cinnamominum : qui était précieux & de grande dépense, se faisait anciennement avec l'huile de been, le bois du baume, nommé Xylabalsamum, & du squinanthe qui est la fleur du jonc odoriférant, aromatisé, comme recite Dioscoride, avec le cinnamome & le Carpobalsamum (qui est le fruit du baume) en n'y ajoutant quatre fois autant de myrrhe que de cinnamome & du miel autant qu'il suffisait, pour détremper le tout ensemble. Aujourd'hui ce serait chose bien difficile, voir quasi impossible, de faire un tel onguent. Car le vrai cinnamome n'est pas du tout inconnu comme le disent ceux qui vont quérir les épiceries jusqu'au Levant, qui déjà du temps des empereurs (qui étaient obéis partout le monde) était rare & difficile à recouvrer. Pour le cinnamome, l'on prend aujourd'hui la casse odoriférante (que nous appelons cannelle) pour ajouter à la composition de nos onguents. Quand Galien fit le thériaque pour M. Aurelius Antoninus (Marc Aurèle), il ne s'en trouvait point ailleurs qu'au cabinet des Empereurs qui le faisaient garder bien clairement avec leurs prestigieuses choses. Ledit Empereur fit montrer à Galien plusieurs vases de bois remplis de cinnamome, lesquels avaient été mis en son palais les uns du temps de Trajan, & les autres d'Adrian, qui adopta Antonnin Pie, lequel succéda à l'Empire, & recouvra du cinnamome frais qui passait  de bonté & de senteur tous les autres. Depuis, Commode l'Empereur (incommode à tout le monde) se souciant bien peu du cinnamome & du thériaque, laissa perdre tout ce qui était demeuré de bon, & que les bon Empereurs, ses prédécesseurs, avaient amassé depuis longtemps par grande singularité de sorte que, Galien vint à composer le

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thériaque pour l'Empereur Severus, il fut contraint de prendre le plus vieux cinnamome qu'il trouva de reste au palais desdits Empereurs qui était (ainsi comme il dit) fort faible de senteur & de force et il ne passait pas trente ans qu'il avait été apporté à Rome. Quant aux autres huiles, le Narcissin (qui se fait de la fleur de Narcissus, que les Français nomment la fleur de Paques) & l'Irin, de la racine du glaïeul, se faisait au temps de Pline, bon en Pamphilie, mais  meilleure, plus suave, & l'Iris de Florence tiennent aujourd'hui le premier lieu.
L'huile Rhodin à été toujours la meilleure à Naples & a Capoüe, &, du temps des anciens, à Malte, à cause de la bonté des roses desquelles on fait aujourd'hui la meilleure conserve & la plus belle que l'on puisse trouver, & duquel, comme le recite Possidonius usaient les Carmaniens pour réprimer les vapeurs du vin. Le Nardin se trouvait le meilleur à Rhodes, composé d'huiles Omphacin, de been, bois de baume, fleur du jonc odorant, calame odorifère aromatisés avec l'Amaracus (qui est la marjolaine) coste, amoine, nard, casse odorante, du fruit de baume & de myrrhe. Et ceux, qui le voulaient plus précieux, y ajoutaient du cinnamome qui avait déjà trente ans, au cabinet de Marcus Aurelius Antonius, pour lui faire sa thériaque de laquelle il usait tous les jours. Car, à ce que dit Galien, il ne peut avoir la patience qu'il n'en prit deux mois après qu'il l'eu fait &, à ce que récite Dion en la vie dudict Marc Aurèle, il était si sujet à maladie, qu'il ne prenait rien sur jour, outre ce medicament, qu'était le thériaque &, ne prenait pas tant ce pharmaque pour crain-

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crainte qu'il eut d'être empoisonné, que parce qu'il avait l'estomac débile. Il y à longtemps qu'une telle composition n'a été vraiment faite, la retranscription des noms avaient été corrompus par les Arabes. L'huile Balanin, que les Anciens ont ainsi nommé, se faisait du gland unguentaire nommé des Grecs murszalanv.. Les parfumeurs l'ont appelé huile de been pace que le fruit a été nommé des Arabes. Sa propriété toutefois porte (bien qu'il soit fort vieux) qu'il ne rancit point. C'est la cause que lesdits Parfumeurs s'en servent, pour incorporer les mixtions qu'ils font pour parfumer gants, faire pommes de senteurs, & patenôtres, avec le musc, ambre, & zybed, & autres senteurs odoriférantes. Ce gland s'apportait autrefois de la région Barbarique (qui est au jugement des doctes, l'Ethiopie en général, ou la Troglodytique qui fait partie de celle-ci) & les Parfumeurs usaient de la liqueur tirée de la chair de son fruit, comme le recite Galien. Et ce n'est pas pour rien si le fruit duquel se prend cette huile a été nommé des Anciens Gland unguentaire parce que sa liqueur est la plus propre & la plus fréquentée des compositions de leurs onguents précieux & odorifères. Ce n'est pas sans raison qu'en toutes les liqueurs unctueuses ne se trouve que l'huile de Been, qui ne soit sujette à rancir, & pour sa vertu particulière, [ces liqueurs unctueuses] détrempent des unguentaires toutes leurs compositions odoriférantes en cette huile de Been, parce qu'ils sont assurés qu'elles se peuvent garder sans craindre l'injure du temps. L'Amaracin était le meilleur en île de Coo (que nous avons depuis nommée Langou) &, selon la diversité & propriété de toutes ces huiles, les Anciens en usèrent en leurs bains, pour garder & entretenir leur bonne santé, &, à

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ce que nous lisons ils se faisaient frotter les sourcils & les cheveux, le col & la tête, d'huile de Serpolet (qui est autrement nommée Polliot) dit Serpyllum & les bras de celui de Sisymbre (qui est mente aquatique) & de Cresson, & de l'Amaracin ou Marjolaine, les os & les nerfs. L'Amaracin était le meilleur de tous principalement pour l'hiver, & pour ceux qui habitaient les regions froides. Les plus délicats des Athéniens (comme recite Cephisodorus) se faisaient oindre les pieds d'onguent : & telle était la coutume en Athènes comme il le dit. Nous lisons que les Thoriciens, peuple d'Attique, se frottaient les jambes depuis le genou en bas, & jusqu'à l'extrémité des pieds (*), les joues & les mamelles, (*) : l'un des bras, (*) : les sourcils, & les cheveux, (*) : les genoux & le col, (*). De l'huile Baccarin (duquel nous avons parlé ci-dessus) ont écrit plusieurs Comiques, & principalement Hipponax, quand il a dit (*), dont le sens est : Je me parfume le nez & visage du baccarin. Toutefois Aeschylus a mis la différence du baccarin aux autres onguents, disant ainsi : (*) : c'est à dire, "Je demande le baccarin & les parfums." Par résolution les Acoliens nommèrent (*), les onguents, que les autres Grecs (*) : parce que la plus grand partie de la composition des onguents, se faisait à Smyrne &, ce qu'ils nommèrent Stacte, est fait de la seule myrrhe, comme dit Athenæus. Par ces compositions nous connaissons la grande recommendation, où furent ces huiles à l'endroit des anciens Romains qui veut que les Italiens en ont gardé les noms & usage, jusque à ce jour, & outre ceux-ci, de l'huile Imperial, de l'huile de fleur d'Oranges, de Jasmin, de Benjoin, & du Stirax : mais

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principalement de l'huile Royale nommée des Grecs(*) dont usèrent les Rois des Parthes, comme nous lisons en Pline qui en écrit la composition, & de plusieurs, qui se vendent par les Myropoles & Unguentaires que nous avons nommés Parfumeurs. Les montagnes de Perse portent des noix Persiques, desquelles l'on faisait l'huile pour le Roy, comme dit Amyntas. Et en Carmanie, (auteur Ctesias), était composé l'huile Acanthin de laquelle le Roy du pays se faisait frotter le corps. De l'huile qui a été nommée des Grecs(*) a fait mention Theophrate au livre qu'il a fait des odeurs, affirme qu'il se faisait des olives non encores mures, & amandes. Les autres compositions, sèches & arides (que les Grecs ont nommées(*) servaient, selon Pline, à arrêter & sécher la sueur de ceux qui sortaient des bains, pour après se laver d'eau froide. Je crois que ce peuvent êtres poudres semblables à celles de violettes & de Cypre dont l'on use encore aujourd'hui.
Toutes ces compositions liquides se faisaient avec de l'huiles &, d'autant que l'huile était plus grasse, elles [ces compositions] étaient meilleures & plus utiles. C'est pour cela que l'huile d'amande fut la plus propre & la plus estimée anciennement. En parlant des huiles, Dioscoride dit que celles qui se font sans y ajouter autre chose que ce que l'on prend du fruit des arbres ou de la semence, sont nommées huiles, & tous les autres, unguent, ceux qui sont composés d'huile, & d'autre matière comme les huiles Rosat, Sansucin, Amaracin, Melin, Telin, Eleatin, Oenanthin, Anetin, Crocin, Megalin, appelé des Grecs(*), comme dit Sosibius, & de l'unguent duquel a parlé Epilycus, dit Sagedes, & de plusieurs autres, que je passerai, n'ayant pas délibéré d'écrire en ce petit Traité si grand nom-

* Termes en grecques non établit.

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bre de compositions, & encore moins de parler des bains salés, sulphurés, alumineux, bitumineux, ferruginés, & plusieurs autres : & des composés avec des plantes, & fleurs : ni de ceux qui sont faits pour restaurer & remettre les personnes qui sont consumées & exténuées par maladie, remettant ce demeurant aux Médecins. Ainsi, j'ai voulu sommairement écrire sur ceux qui étaient du temps des anciens Grecs, & Romains, qui les fréquentèrent pour conserver la santé, & pour obvier à plusieurs maladies. Car c'est un remède singulier pour les gens de lettres, que le bain si nous voulons croire Galien, au troisième livre, qui l'a fait pour entretenir la bonne santé. Pour obvier à toutes ces grandes dépenses, Athenæus récite que les Lacédémoniens chassaient les vendeurs de toutes ces délicates compositions pace qu'ils perdaient & consumaient inutilement l'huile comme les teinturières des laines corrompaient la blancheur, & Pline dit qu'il est certain que les Romains n'en firent pas moins, après la défaite du Roy Antiochus, & que l'Asie fut suppeditée, l'année depuis que la cité de Rome fut fondée, cinq cens soixante cinq, &, alors que Publius Licinius Crassus & L. Julius Cesar étaient Censeur, fut fait un edict pour que personne ne vendit huiles & unguents exotiques, ainsi furent nommées les étrangères & peregrines compositions. Or, pour montrer en quelle reputation elles étaient, je réciterai en passant, les paroles de l'Empereur Vespasien à un jeune adolescent, bien parfumé qui le venait remercier d'un magistrat dont il avait été pourvu, auquel il dit, tout fâché "J'aimerai mieux que tu sentisses les aux", faisant revo-

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quer les lettres de l'office, qu'il lui avait donné. En cela le sage Empereur fuyait la mouche à miel qui ne peut endurer la senteur et qui pique aigrement ceux qu'elle sent parfumés. Suivant aussi l'opinion de Cicéron, les odeurs qui sentent la terre, sont plus gracieuses que celles qui tiennent l'odeur du safran. Par la lecture de ce que nous avons dit ci-dessus, l'on connaîtra les grandes dépenses que firent les Romains, à bien édifier leurs bains où ils ne gardèrent ni moyen ni mesure. Ce qui se voit par les ruines des thermes d'Antonin, & de Dioclétien, à Rome où se trouvent colonnes de marbre de couleur différentes & lieux infinis appropriés à plusieurs usages qui étaient entretenus curieusement par les anciens qui se lavaient quasi tous les jours, en provocant la sueur, pour entretenir leur bonne santé. Ce que montre Sénèque en ses Épîtres à Lucilius, quand il dit que Scipion l'Africain, qui s'était retiré volontairement à Linterne, en une maison qui était construite de pierres carrées, avait en sa ville un bain étroit & obscur, lequel ne lui eut point semblé chaud sans qu'il eut été obscur, & en ce petit bain l'horreur de Carthage Scipion lavait son cors lassé, après qu'il avait travaillé tout le jour en ses oeuvres champêtres & rustiques. Depuis, les Romains tournèrent les bains en délices, & firent les thermes pour aider à la digestion crue de l'estomac. Ce qui a fait dire à Pline, châtiant une si mauvaises façon de faire, que pour cette cause en son temps avaient ordonné les bains chauds les Médecins qui avaient persuadé aux Romains que la concoction & digestion de la viande se faisait par ce moyen dedans l'estomac et combien qu'au sortir des bains ils se trouvassent si mal, qu'ils

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se faisaient porter, par trop croire les médecins, tous vifs en leurs sepultures. Pour les bons Capitaines & Empereurs Rommains, nés au labeur, furent ordonnés les bains, & non pour délices dont usa depuis le peuple de Romme. Car ils furent à la fin si communs que les Princes se lavaient avec le peuple & Hadrien fut le premier, lequel, en se lavant un jour aux bains, & regardant un vieux soldat (qu'il avait autrefois connu en la gendarmerie) qui se frottait le dos contre les murailles, après avoir entendu de lui que c'était par nécessité, lui donna serviteurs & argent par grand libéralité. Une autrefois, plusieurs gens-d'armes vinrent aux bains, pour ainsi provoquer la libéralité du Prince, alors, Hadrien leur commanda, dans un grand rire, que chacun frotta son compagnon.

Nous avons assez demeuré sur les Bains, Thermes, & Lavacres. Nous écrirons présentement sur les Gymnases, & les Palestres que les Grecs firent pour exerciter les jeunes gens, les uns à lutter, à jouer de l'épée, à la pique, & les autres à sauter, à tirer de l'arc, à lancer le dard à piquer les chevaux, à voltiger, à courir au stade, & à toutes autres militaires exercitations. Et pour inciter les jeunes enfants à la vertu, ils faisaient dresser statues aux Gymnases, pour la mémoire de ceux qui étaient parvenus à la sommité de ces exercitations & disciplines, lesquelles statues reposaient sur base insculpées & gravées des inscriptions & excellence de leurs exercices. En ces Palestres devaient êtres mis les jeunes enfants (comme dit Aristote, au huitième des Politiques) pour les rendre plus forts & plus robustes. Encores Platon ne réprouvait point que les vier-

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ges s'exercitassent toutes nues à jeter le Disque, à courir, à lutter, son opinion était que non seulement les jeunes filles, mais encores les femmes d'age, lutteraient avec les hommes pour entreprendre, avec la patience de ces labeurs, choses ardues & difficiles. Ce que Xénophon a montré en la politie des Lacédémoniens [1] qui dit que Lycurgus pensa que les esclaves suffiraient pour faire les robes, & accoutrements, & que les femmes libres (qui vaqueraient à faire des enfants) exerciteraient leurs corps comme les hommes cuidant que de tous deux les enfants se feraient plus robustes & plus forts, fuyant l'opinion des Grecs. Cicéron ne réprouve point toutes choses, quand il écrit que ceux, qui donnèrent la façon de vivre aux Républiques de Gréce, voulurent fortifier le corps des jeunes hommes, avec le labeur. Ce que les Spartiates avaient traduit aux femmes lesquelles aux autres villes vivaient serrées dedans les murailles délicieusement. Par-quoi Properce, perdu d'impatience d'amour, se plaignant que les filles romaines n'étaient point veuves publiquement, loue la Palestre Spartiane, avec une véhémence d'amour & fureur de jeunesse, tout ainsi :

Multa tuœ, sparte, miramr jura palæstæ,
Sed mage virginei tot bona gymnasii.
Quod non infames exercet corpore laudes
Inter luctantes nuda puella viros,
Cum pila veloceis fallit per brachia jactus,
Increpat & verfi clavis adunca trochi,
Pulverluentaque ad extremas stat fœmina metas,
Et patitur duro vulnera Pancratio,

Recto de la feuille 15
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Correspondance exégétique

Nunc ligat ad cœstum gaudentia brachia loris,
Missile nunc disci pondus in obe rota,
Gyrum pulsat equis, niveum latus ense revincit,
Virgineumque cavo protegit ære caput.

Traduction en français des Élegies de Properce Information Remacle ouverte dans une nouvelle page que nous propose J. Grenouille en 1834

Élégies XIV.
Sur les jeux de Sparte

Heureuse Lacédémone ! nous admirons tes exercices guerriers, mais surtout les nombreux avantages des jeux où se forment tes jeunes filles.
Elles ne recherchent point des éloges qui les déshonorent, lorsqu'elles paraissent nues au milieu des lutteurs, pour lancer rapidement de leurs mains délicates une balle trompeuse, ou pour faire tourner une roue bruyante sous la verge crochue qui l'agite.
On les voit tour-à-tour attendre le signal, couvertes de poussière, à l'extrémité de l'arène, souffrir les blessures du cruel Pancrace,

attacher à leurs bras un ceste qui fait leur gloire,
balancer en cercle le disque pesant qu'il faut lancer,
aiguillonner les flans d'un coursier généreux... Lire la suite

Pour retourner à notre propos, les Princes fréquentaient non seulement les Gymnases, par plaisir & pour connaître les bons Athlètes, mais aussi pour ouïr les disputations des philosophes, & de ceux qui disputaient autres facultés & disciplines. Par-quoi fallait  qu'en ces Palestres fussent diverses habitations, grandes places, & Portiques : que nous avons nommés galeries) & aux Portiques Exèdres spacieuses : qui étaient lieux semblables aux écoles publiques ou mieux, aux chapitres des cloîtres de nos Religions, & là étaient sièges ordonnés ou étaient assis les Philosophes & ceux qui prenaient plaisir à disputer. Outre les Exèdres se trouvaient des Peristyles carrés (qui étaient garnis & environnés de colonnes, qui avait douze cent pieds de tour) pour se promener, que les Grecs nommèrent (*). L'un des Portiques, & celui, qui regardait sur la région du midi, était double, pour éviter que le vent ne porta la pluie jusqu'au dedans. De ce double portique tenait le milieu l'Ephebeum qui était la place ou les adolescents avaient des sièges pour étudier, comme nous pourrions dire des sièges extrémez des chaires[***] ecclésiastiques. Et devaient avoir ce Portique plus de longueur, la troisième partie, que de largeur. Au plus presestoyent lieux ordonnés pour le service de ceux, qui s'exercitaient [s'entraînaient] en la Palestre comme le Corycée (qui était le jeu de la grosse bale, nommé Corycum) & conistere : qui servait à tenir la poudre de ceux, qui luttaient à force de bras : & aux Géométriciens,

* Termes en grecques non établit.

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Correspondance en vieux français
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pour designer, en étudiant, leurs figures. Entre ces portiques il y avait de petits bois, jardins & vergers, plantés en quinconce ou à la ligne, dont les arbres étaient lauriers, cyprés, palmes, myrrhes, pins, sabines, jeneures, cèdres, tamaris, houx, bovis, & oliviers qui sont tous arbres qui ne se dépouillent point de leurs feuilles, & rendent pour cela les vergers plaisants & donnaient aux Athletes & à ceux qui les regardaient, outre l'ombre, senteur & verdure, confort & consolation. Parmi ces arbres se faisaient promenoirs & hypèthres ambulations que les Grecs ont nommés (*) & que nous pouvons interpreter découvertes & sous le soleil, auxquelles l'hiver, (quand le temps était cler & beau, & le ciel serin), les Athletes, appelés Xystiques pour le Xyste, qui était couvert, descendaient pour se promener, exciter, & courir. Après le Xyste était le stade, lieu de la course qui était  fait de telle manière que chacun, à son plaisir, pouvait regarder courir les Athletes qui étaient, comme dit Julius Pollux, tous ceux qui s'exercitoyent au Gymnase de la Palestre.
Après que nous avons connaissance des habitations diverses de la Palestre, il faut exposer, à cette heure, qui étaient les noms de ces Athlètes. Et premièrement nous écrirons de ceux, qui de célérité passait tous les autres, lesquels les Grecs nommèrent (*), c'est-à-dire, Coureurs qui couraient légèrement & longuement & avaient la force & le pouvoir, en courant, de pousser & retenir leur adversaire. De ces coureurs les uns étaient Stadiodromes (parce qu'ils couraient au stade) & les autres Diaulodromes qui redoublaient leur course, c'est à savoir que, quand ils avait couru jusqu'aux metes[3], retournaient, d'où ils étaient partis.

* Termes en grecques non établit.

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Des Dolichodromes couraient six courses au stade, toutefois il est à présumer que c'étaient ceux qui le plus longuement continuaient une course, & les Athletes qui se exerçaient nus à la lutte, qui furent nommés Palestiques. Telle coutume de montrer au Gymnase le corps nu, & de le frotter d'huile, vient des Lacedemoniens, ainsi que nous le lisons en Thucydide. Les autres ajoutèrent de la terre avec l'huile & telle composition fut depuis nommée Ceroma qui servait pour fortifier les nerfs & les membres (parce que l'huile mollifie le corps & lui donne force & vigueur) selon Pline qui dit : Duo sunt liquores corporibus humanis gratissimi, intus vini, foris olei : arborum è genere ambo prœcipui, fed olei necessarius, C'est-à-dire, qu'il y a deux liqueurs gracieuses pour le corps humain, le vin pour le dedans, & l'huile pour le dehors, l'huile est toutefois fort nécessaire. Encore parlant ledit Pline d'Auguste Cesar, qui s'enquérait de Romulus Pollio son hôte (qui avait passé cent ans) du moyen qu'il avait tenu, pour garder la vigueur & force de son corps, il lui répondit, Intus mulso, foris oleo, qui nous fait connaître, que l'huile de sont temps a été meilleure pour les parties extérieures, que pour les intérieures. Anciennement l'on servait l'huile à la premiere table, comme l'on fait encore aujourd'hui. Celle-ci se trouvait d'autant plus en grande estime qu'elle était la plus blanche, comme à-present nous appelons huile vierge cette huile dont a parlé Antiphanes, auteur Grec, qui l'a nommé, huile Samique. La renommée dure encore de Démocrite Abderites qui avait délibéré de donner fin à sa longue vieillesse & pour ce faire, journellement il rapetissait son manger, après quoi il fut prié par ses femmes domestiques de se laisser point mourir aux

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jours, qui étaient consacrés à Cérès ce qu'il accorda, commandant qu'on lui apporta un vase plein de miel, qu'il mangea & par ce moyen prolongea sa vie jusqu'à ce que les Céréales (jours consacrés à la Déesse) fussent passés. Et interrogé de ses amis, comment un homme en santé pourrait vivre longuement ? Il leur fit réponse, s'ils usaient du miel par le dedans, & de l'huile par le dehors. A ce propos servent les paroles de Themistocles qui se mit en colère contre son argentier qui lui rendait compte de la dépense d'une bien petite somme d'argent qu'il avait emplié pour acheter de  l'huile, & regardant les assistants qui s'ébahissaient bien fort de son épargne, il commença à leur dire qu'ils avaient mal entendu la cause de son courroux, qui était parce que son cuisinier lui faisait trop manger d'huile assez mauvaise pour le dedans du corps de l'homme.  Quant aux olives, on les servait anciennement à la seconde table desquelles les unes étaient nommées des Grecs(*), & des Latins drupe, quand les bacs (comme témoigne Pline) commençaient à noircir. Diphilus a dit qu'elles sont de bien petit nourrissement & engendre douleur de tête, & que les noires sont pernicieuses à l'estomac. Les plus saines & les meilleures sont celles qui ont été nommées des anciens (*). Les autres qui sont confites avec le fenouil ont été dites (*) & celles, qui étaient pilées dans un mortier furent appelées des Athéniens, (*), comme le récite Athenaeus. Quoi que disent les Grecs, les Romains usèrent des olives depuis le commencement de table jusqu'à la fin comme dit Martial :

Hæc, quæ Picenis venit subducta trapetis,
Inchoat atque eadem finit oliva dapes.

* Termes en grecques non établit.

Recto de la feuille 17
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Plusieurs autres espèces ont été nommées de Macrobe & Pline : comme les Africaines, Liciniene, Sergianes, Salentines, & Royales. Et certainement de toutes les olives la plus grosse est meilleure pour manger que la petite, plus convenable pour faire de l'huile, comme l'écrit Columelle au sixième livre de la chose rustique. A l'olive firent cet honneur les Romains, qu'ils en couronnèrent ceux qui triomphaient en leurs petits triomphes : & la Grèce couronnait les visiteurs à Olympe d'olivastre. Les Atheniens en leurs monnaies accompagnèrent la chevêche (consacrée à Minerve) d'une branche d'olivier comme plus amplement nous en montrons la figure au livre de nos Antiquités de Rome. D'aucuns ont voulu dire que l'huile servait pour rendre le corps des Palestrites plus lubriques, & pour prendre les bras avec une plus grande difficulté, toutefois, les Grecs (qui furent les premiers inventeurs de tous vices) le tournaient à luxure, en le publiant aux Gymnases & l'huile, qui servait pour les Athletes, fut à la fin mixtionnée de choses odoriférentes. Si nous voulons croire Pline, aucuns mêlaient aux Gymnases de senteurs avec l'huile, mais utilisaient les plus utiles & de moindre valeur. Après que les Lutteurs s'étaient faits oindre, ils étaient arrosés & couverts d'une poudre, ou de sable (qui était nommé Aphé) pour aider à fortifier le corps. Lucain dit, en parlant du combat d'Hercules & d'Achéloüs : Auxilium membris calidas insundit arenas 1. Qui nous fait connaître que les Lutteurs & Pugiles combattaient avec la poudre dont est venu le proverbe, que l'on disait entre les Grecs (*) : qui veut dire

1 Auxilium membris calidas insundit arenas : arrose d'huile ses membres nerveux.
* Termes en grecques non établit.

Verso de la feuille 17
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emporter la victoire sans s'être mis en besogne, sans peine & sueur, ne se présentant personne au combat. Ce que nous lisons dans Pausanias qui parle de Dioreus Athlète qui avait été victorieux à Olympe (*) que Pline a interprété sans poudre (c'est-à-dire, sans que nul se présenta pour l'attendre, & sans qu'on le mit en peine de prendre la poudre pour faire son devoir) quand il écrit, au trente-cinquième de l'Histoire naturelle, qu'Alcimachus avait peint ou portraituré Dioxypus : qui était demeuré victorieux à Olympe, sans avoir combattu : que les Grecs avaient dit (*), & à Némée (*) (c'est-à-dire, de force après avoir combattu) pour le nom de la poudre qui était nommée (*), dont est venu au Gymnase le nom de Conistere duquel nous avons fait mention ci-dessus qui servait pour garder la poudre palestrique, laquelle fut de si grande curiosité aux anciens, qu'ils la faisaient venir d'Égypte, comme le recite Tranquillus, quand il montre l'indignation du peuple de Rome contre Néron qui avait fait venir, au temps de la famine publique, un navire chargé de cette poudre pour les Athlètes de la court. Son usage nous enseigne Pline qui écrit, que la différence était bien petite de la poudre Puteolane[4] à la plus subtile partie du sable du Nil, non qu'elle servit pour résister aux ondes de la mer, comme la poudre de Pussol, mais bien pour être esséminer sur le corps des Athletes en la Palestre, & Patrobius la faisait venir d'Égypte à Rome, liberté de Néron. Leonatus, & Méléagre, Capitaines d'Alexandre le Grand (comme il dit) la faisaient porter après eux avec leur bagage. Les pyctes ou Plectiques, que les Latins nomment Pugiles, combattaient à coups de poing &, en frappant leur adversaires

* Termes en grecques non établit.

Recto de la feuille 18
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Correspondance exégétique
comme dit Cicéon second des Tusculanes, ils se plaignaient en jetant les Cestes, non par faute de courage, ou pour douleur qu'ils sentissent, mais parce qu'avec le cri & la voix ils avaient le cœur plus grand, & donnaient le coup plus véhément. Et, pour venir au combat, ils s'accoutraient les bras & les mains de Cestes, qui étaient faits de cuir de buffle, remplis de plomb par dedans. De ce combat, Virgile en écrit la façon au cinquième des Æneides qui en donnera aux lecteurs la connaissance, avec la figure retirée de l'antique, que j'ai fait peindre ci-après.

 

 

 

E    2                                                      COM

Verso de la feuille 18
Correspondance en vieux français
Correspondance exégétique
Page recouverte d'une gravure

 

Combat des Cestes entre
Dares & Antellus, selon la description
Virgile.

 

(GRAVURE)

 

 

 

Recto de la feuille 19
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Correspondance exégétique
Les Pancratiastes étaient Lutteurs & Pugiles tout ensemble, & les Discoboles Image jetaient une boule ronde de pierre ou de cuivre, percée par le milieu, appelée le Disque &, d'autant que celui qui le jetait était plus fort, il le recevait de plus haut à force de bras. Quant aux sailleurs, ils portaient en leurs mains, pour mieux saillir, des Altères qui étaient petites masses, ou boules de plomb, faites à la façon d'un cercle qui avait la moitié plus de longueur que de largeur & ils avaient des boucles pour y mettre les mains à l'aise, comme dedans un bouclier. Le lieu, dont partaient les Sailleurs, les Grecs le nommèrent (*), & la mesure (*), & le saut (*), c'est-à-dire, fossé, parce que le saut le plus souvent se faisait à sauter sur un fossé, pour servir à l'entraînement militaire, & pour garder l'ennemi à la guerre, en sautant un fossé, de se sauver. Tous ceux, qui s'exercitaient en ces cinq espèces de jeux (c'est à savoir : à courir, à lutter, à saillir, à ruer la barre de fer, & aux Cestes (furent nommés des Grecs (*), & des Latins Quinquertiones desquels Pline à parlé en parlant de Myron qui avait un discobole, Minerve, les Penthales Delphiques, & les Pancratiastes. Les autres exercitations furent différentes. Car les unes étaient lentes, & les autres robustes & légères tout ensemble. La robuste, de laquelle les Grecs s'exercitoyent violemment sans célérité, fut par eux nommée (*), & la violente (*). La bonne façon était de monter par une corde à force de bras & de telle entraînements étaient donnés aux jeunes enfants par ceux qui voulaient les préparer à la force. Car il est certain, si l'on monte par une corde à force de bras, que c'est un robuste, & valide exercitation, outre toutefois la célérité : & si est meilleure celle, qui se faisait en jetant

E    3                                                      les

* Termes en grecques non établit.

Verso de la feuille 19
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Correspondance exégétique
l
es Altères, ou bien de tenir en un lieu le pied ferme, & à la main une pomme qui ne se puisse ôter comme le faisait Milon de Crotone, pour montrer une grande ostentation de force. Et Sostratos de Sicyone, Athlete Pancratiaste, était si fort, que Pausanias récite qu'il fut surnommé Acrochersites parce qu'en prenant son adversaire avec les mains, il le froissait de telle sorte, qu'avant que de le laisser, il le contraignait à mourir. Au contraire, les exercitations légères étaient sans force & violence, comme (*) & (*) : dont (*) se faisait en marchant sur le bout des pieds & remuant continuellement les mains, l'une par devant en haut, & l'autre par derrière en bas, & (*), quand en la sixième partie d'un Stade appelée (*), on courait s'avançant & reculant alternativement sans se tourner ça ni là, à chaque course on gagnait quelque avancement jusqu'à ce qu'on fut venu au bout. La Pile ou la Paume utilisaient la petite Bale, l'Harpastum est la grosse Bale, ou Pelote et la Sciamachie qui est un combat umbratile, que nous disons le jeu de l'escrime, lequel les Lanistes & Maitres-d'épée montrent & enseignent aujourd'hui par tout le monde) & le Phenis étaient toutes exercitations légères desquelles a parlé Galien, au second livre, qu'il a fait pour garder la bonne santé. Le jeu de Phenis était (comme dit Alexandrinus), quand celui qui tenait une balle faisait semblant de la jeter à celui de ses compagnons qui le regardait, toutefois, il la jetait à un autre, & fut ce jeux nommé Phenis du nom de l'inventeur qui était nommé Phenestius) ou bien (*) : qui signifie décevoir, parce que ce jeu n'était autre chose que de tromper son compagnon. Les exercises qui étaient composées, comme nous avons dit de la robuste & de la légère, était jeter le Disque ( qui est une

* Termes en grecques non établit.

Recto de la feuille 20
Correspondance en vieux français
Correspondance exégétique
grosse pierre ronde & percés au milieu) sauter sans se reposer, & jeter incessamment une grosse barre de fer. Si ceux qui s'exerçaient ainsi se reposaient, cela faisait la différence de l'exercitations continuelle à l'interposée qui nous fait connaître la variété de ces exercices qui servaient les uns pour les os, comme la course : (*), & la sciamachie pour les bras & les mains. Ceux, qui demandaient l'exercitation du corps, faisaient mettre les Altères devant eux l'espace d'une aune. Ils se tenaient au milieu sans remuer les pieds d'une place, en pliant le corps ils les dressaient, pour les mettre l'une en la place de l'autre & par ce moyen ils exerçaient tout le corps avec ces mouvements qui furent tous introduits & trouvés des Grecs pour entretenir leur bonne santé. Les gens de lettres s'entraînaient à lire à haute voix[6] ce que les Latins ont nommé affa voce. Pittacus, Roi des Mytiléniens, avait une étrange façon de s'exercer qui était de tourner une meule & tel exercice il trouvait bon pour sa santé. Les autres tiraient de l'eau, & portaient & coupaient du bois, ce que j'ai vu faire souvente fois à l'un des plus doctes homme de notre Europe. Il ne se trouve chose qui tant entretienne la bonne santé que l'exercitation. C'est le vrai bain que le labeur, qui ne passe point la sueur, car le labeur trop grand est mauvais. Par-quoi suffit à plusieurs personnes la promenade, aller doucement à pied depuis la ville jusqu'aux champs.
Pour satisfaire aux Lecteurs je me suis mis au devoir de mettre par écrit les entraînements Gymniques desquelles usèrent les Grecs, car les Romains eurent autres jeux pour passer le temps comme les Circeses, le jeu de Troye (que nous appelons le tournoi) &, pour l'exercitations, Portiques & Déambulations, pour se promener. Aussi sans

* Termes en grecques non établit.

Verso de la feuille 21
Correspondance en vieux français
Correspondance exégétique
difficulté il n'est choses au monde, qui tant maintienne & garde le corps. Celse nous enseigne faire de l'exercice avant de manger, et que celui qui moins a travaillé, doit d'autant plus s'entraîner, au contraire  de l'homme qui est las & fâché, doit faire moindre, & le prendre plus gracieusement. Car, pour commodément s'exerciter, lire haut, manier les armes, jouer à la paume, courir, se promener, & plutôt sous le soleil qu'à l'ombre, sont toutes choses qui gardent la bonne santé que les Philosophes ont estimé entre la félicité & bien divin. Ledit Celse écrit que l'homme qui est sain, & qui porte bien, & qui vit en liberté, ne doit point obliger sa vie aux lois des Médecins. Il est nécessaire qu'il prenne une différente façon de vivre, une fois demeurant aux champs, l'autre à la ville, à la campagne, aller par eau à la chasse, se reposer quelque fois, mais le plus souvent s'exerciter. Car il ne se trouve chose, qui tant rend hébété le corps que la paresse, qui hâte la vieillesse alors que le labeur rend la longue jeunesse. Il profite encore de ne fuir point la diversité des viandes desquelles le peuple mange. Il convient se trouver aux festins & d'autres fois s'en retirer & manger deux fois le jour plus tôt qu'une, bien que Cicéron, aux Questions Tusculanes, écrit que Platon voulait reprendre la vie des  Italiens parce qu'ils mangeaient deux fois le jour, ce qui est contre l'opinion du-dit Celse qui dit que le plus salutaire est de largement dîner, & souper sobrement, &, de la meilleure opinion, il s'en faut rapporter aux Physiciens & Médecins.

Fin des Bains & antiques exercitations.

 

[1] M. Agrippe n'est sûrement autre que Marcus Vipsanius Agrippa Information ouverte dans une nouvelle page qui est à l'origine de la construction des premiers thermes romains publics les plus anciens de Rome. Construits sous Auguste, ils furent légués par testament au peuple romain. Ce qui est étonnant c'est qu'il l'ai écrit correctement au verso de la feuille 3.
[2] Les sept spectacles du monde correspondent bien sûr aux Sept merveilles du monde.

[3] Du latin fascis (« fagot, fardeau »). Un portefaix est un porteur et par la suite nous avons cette très belle image d'une mer qui pleure encore la charge qu'elle a portée sous le poids des bateaux romains venant du monde entier livrer leur cargaison des matériaux les plus diverses et précieux.

Xenophon à écrit "La République des Lacédémoniens" dans laquelle il aborde "le mythe de Lycurgue"

Nous n'avons pas défini le sens de ce mot. Il ne semble pas correspondre au mètre qui n'était pas en vigueur au 16em siècle lorsque ce livre fut écrit.
[4] En fait il s'agit de la pouzzolane déjà connue de Vitruve comme liant au mortier romain et pour sa résistance à l'eau. Le terme « pouzzolane » vient de la ville italienne de PouzzolesInformation ouverte dans une nouvelle page encore parfois appelée Putéoles, riche en sable volcanique, situé au pied du Vésuve au nord du golfe de Naples.
[6]

[**] Je n'ai pas encore identifié exactement de quel Alexandrinus il s'agit.
[***] Du Choul utilise le terme de "chores". Nous pensons qu'il s'agit de chaire. Corps s'écrivant pareil en vieux et nouveau français.
Au vue de la construction de la phrase, je pense qu'il est plus juste de dire "Les gens de lettres s'entraînaient en lisant à haute voix" sans quoi je ne saisi par trop le lien qu'il y aurait entre récitation et entraînement.  

 

 

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