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Dossier afférent : - 3 Massage français, et naturisme pratique

 

 

2 Massage français, et naturisme historique

Par Alain Cabello-Mosnier-Bourlioux.
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Rédigé à Paris le : mardi 13 octobre 2009

 

2 Massage français, et naturisme historique

Le cheminement historique du massage français au travers de la capillarité des événements touchant à nos métiers du massage.

Qu’emprunte le massage français aux mouvements naturistes ?

Le corps, nous l’avons vu, s’émancipe de la politique non pas en l’évitant comme on le lui a toujours appris à le faire en laissant à la noblesse le soin de penser pour lui, mais au contraire en l’intégrant. Le latin "démos" signifie "peuple" et le plus célèbre des ses préfixes "kratos", "le pouvoir", indique l’appropriation du pouvoir par le peuple mais le corps lui, reste sous l’influence des dogmes. Le corps judéo-chrétien n’est pas touchable, il reste intime et prisonnier de sa fonction reproductrice à laquelle Dieu à voulu le réduire et devient impropre lorsqu’il se laisse aborder sous quelque angle que ce soit dès lors que son dessin est l’évasion du mariage et de l’obéissance. Hors de question de l’ausculter nu, de le disséquer, l’Europe vivra plus de mille ans avec les convictions médicales de Galien enseignant à Rome, dans l’antiquité, une interprétation de l’anatomie qui s’avèrera désastreuse et que colportera la médecine du moyen-âge ainsi que celle de la Renaissance pour les mêmes raisons que celles qui présidaient à la destinée de ses travaux. Interdiction de disséquer le corps d’un homme. Galien était un novateur, un incontestable médecin qui se piquait de toutes les sciences qu’un esprit curieux pouvait embrasser toutes au regard de leur balbutiement et de la rareté des ouvrages disponibles. Il préconisait d’ailleurs le massage.

Vésale, célèbre anatomiste du XVIème siècle, ira jusqu’à payer des malfrats pour qu’ils consentent, au péril de leur vie, à décrocher pendant la nuit moyennant finance, des pendus du gibet dont les familles elles-même avaient interdiction formelle de leur offrir une dernière demeure sous peine de subir le même sort. Pas question de les enterrer religieusement mais pas question non plus de les laisser découper par de douteux médecins qu’on soupçonnait à juste titre, au regard de l’expérience qu’avait l’Eglise en terme de répression, de vouloir remettre en cause l’existence de Dieu.

Galien disséquait des animaux autres que ceux appartenant à l'espèce humaine, Vésale s’offrit, au nom de la connaissance le plus illustre d’entre-eux, l’homme. La religion bannissait du salut les pécheurs les plus indiqués pour l’être au regard de leur statut de miséreux mais offrait sur des brocards d’ors les clefs du Paradis à des rois-dictateurs des mains même des descendants de St-Pierre, alors vous imaginez bien, que lorsqu’à la Révolution française, avec la tête du Roi, la bourgeoisie se paya celle de l’église, le choc fut tel qu’il n’était pas question de faire table rase de toutes les habitudes, croyances et autres superstitions de l’époque. Ce n’est pas une institution qui s’effondrait sous les coups de boutoirs de ce l’on a bien voulu pour l’histoire nous présenter comme étant ceux du peuple, alors qu’il s’agissait de l’aristocratie montante, mais bien de deux institutions, ensembles, monarchie et clergé, qui disparaissent du devant de la scène avec force chansons. Mais quand un dogme, celui de la monarchie, meurt en emportant le second dans la disgrâce et la vindicte et bien il faut trouver ailleurs et en urgence un autre pouvoir pour remplacer celui qu’on a destitué et une autre croyance moins contraignante et plus accommodante, celle des sciences. L’église vous promettez le salut dans l’au-delà ? et bien nous vous en promettons un deuxième temporel, ici-même, maintenant, sur cette terre.

A la mort de Louis XVI on n’était pas des crétins recouverts de pierreries qui dansaient sous les pampres de Versailles pendant que le peuple crevait de faim, les intellectuels qui illuminèrent ce siècle des Lumières, brillaient déjà en France mais aussi en Allemagne sous le nom d’Aufklärung. On connaissait l’électricité, le vol en montgolfière, les ascenseurs et la révolution industrielle était en marche en Angleterre. Les sciences étaient l’avenir, l’espoir de tous et ce corps que l’église interdisait de toucher pour des raisons religieuses et de moeurs, les sciences conservaient seules le privilège de le scruter, de le palper.

Des usines qui grossissent, des hommes qui quittent la terre de leur famille pour aller tenter leur chance en ville et c’est l’immense migration des corps qui se rhabillent de la légèreté des campagnes, qui souffrent au travail, qui meurent de l’exploitation, qui se cognent au manque d’espace de ces logis sans jardins. Ce seront les Allemands qui les premiers réagiront contre le manque d’hygiène, de place, d’activité, en célébrant la gymnastique, le culte du corps sain, musclé et libéré de l’oppression et de l’insalubrité. Les associations explosent d’adhérents parce qu’elles sont le terreau de ces grands-messes et proposent les infrastructures adéquates et très nouvelles telles que des douches... Le corps est beau, le corps est nu mais il reste pauvre et vivre sans ces vêtements c’est toujours une économie bienvenue. En France ce sont des personnes comme Élisée Reclus qui préconiseront le naturisme repris par les frères Gaston, Henri et André Durville dont le père, Hector, sera le fondateur de l’École pratique de Massage et de Magnétisme. Nous y voilà.

Le siècle qui se déroule à leurs pieds est occupé par le grand boom de l’industrie, le foisonnement des découvertes, l’accès à l’école pour tous et les initiatives en tout genre « pour voir si ça marche ». Le massage n’échappe pas à cela avec l’émergence de la méthode Suédoise que Pehr Henrik Ling (1776-1839) ira construire au fur et à mesure de ses voyages au Danemark où il rencontrera Ming, chinois passionné par les techniques de massage thérapeutique de son pays mais aussi en Allemagne, en France et en Angleterre. Ling sera contesté pour n’avoir pas mentionné les emprunts disons, très proche du kung fu dont il s'est inspiré pour l’enseignement de sa méthode et qu’avait publiée le Père Amiot, en 1771. C’est le Dr Johan Georg Mezger (1838-1909) qui sera à l’origine de son "système de massage suédois" inspiré des travaux de Ling.

En France on s’organise autour des Ordres médicaux pour rayer toutes les pratiques annexes qui alimentent la médecine traditionnelle et qu’exercent d’ailleurs avec d’excellents résultats les religieuses. Toute personne ayant des activités thérapeutiques sans être diplômée d’Etat s’expose désormais à des sanctions pour exercice illégal de la Médecine et justement, les rebouteux de nos campagnes sont visés car, eux aussi pratiquent des formes de massages avec leur lot de réussites. Ce sera A. Georgii, gymnaste suédois et élève de Pehr Henrik Ling qui inventera le mot "kinésithérapie" en 1845 en s’inspirant de nos rebouteux, de Ling et des travaux qui s’en suivront tout au long du 19ème évaluant les effets physiologiques du massage sur les hommes mais aussi sur des animaux moins bavards qu’on peut cogner à souhait et disséquer, voir Castex.

Le massage marche et opère des mariages insolites comme celui avec l’électricité, le magnétisme, on essaye tout.

En même temps que le massage thérapeutique occidental et récent se développe, la condition des massages traditionnels souvent asiatiques se compliquent. Avec les mouvements naturistes se multiplient les écrits allant dans le sens de la sélection par la race, la bonne santé physiques et le quotient intellectuel, comme Défense et illustration de la race française par Georges Rozet Ed. Félix Alcan 1911 Fiche technique que nous possédons à la bibliothèque du CFDRM et qui montre bien ce lien que l’on tisse entre gymnastique et corps ariens. Les mouvements gymniques et naturistes s’installent, les hommes et les femmes se découvrent sous un nouveau jour, l’homosexualité bénéficie de cet esprit contre lequel le massage s’adosse tout naturellement.

Massage, sexe et naturisme, liberté des corps, allègement des moeurs, facilitation des rencontres, l’histoire occidentale du massage s’écrit au détriment des massages exo-européens contre lesquels s’engage une chasse aux sarcasmes, surtout en France, pour qui n’est pas estampillé du sceau des censeurs médicaux seuls aptes à entériner toute thèse qui s’est frottée à leurs collèges d’experts. La nudité des corps amène à la dissolution, dans la nature comme en massage, et c’est contre cela que l’homme doit s’élever pour se distinguer, aller contre sa nature, s’extraire de sa condition, s’élever par l’esprit à part qu’aujourd’hui, c’est le discours inverse, retrouver notre nature de laquelle nous nous sommes trop éloignés même si les lois continuent à nous interdire de masser comme d’ailleurs de nous mettre nu. Exercice illégal de la médecine, atteinte aux bonnes moeurs, prostitutions, le peuple avance mais les lois traînent des pieds.

Alors que fait notre massage français ?

Et bien il s’inspire lui aussi, comme tout buvard humain, des possibilités qui s’ouvrent à lui au travers de son siècle et que je me propose de vous exposer dans le papier suivant afin d’en limiter la taille mais, ce point d’histoire qui n’engage que moi et mes connaissances qui seront à jamais imparfaites, devaient êtres rappelés afin que vous soyez en mesure d’évaluer mon aptitude à vous le présenter.

mardi 13 octobre 2009
Alain Cabello P/O CFDRM