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Page créée le : samedi 3 mars 2012 

 

 

L'analyse des sphères professionnelles, intimes et commerciales.

Par Alain Cabello-Mosnier-Bourlioux.
P/O le
CFDRM
Libre de droits non commerciaux.

 

Rédigé à Paris le : mardi, 20 septembre 2011

L'analyse des sphères professionnelles, intimes et commerciales.

Postula
Je pense que l'on peut tenter de distinguer 3 attributions possibles en massage qui permettraient de voir clair dans les questions de désir en massage, je propose :

une entrée Professionnelle,
une seconde Intime
une troisième que je qualifierai de Commerciale. (c'est le plus important)

Les deux premières sont parfaitement symétriques, opposées mais non inversées, elles impliquent la personne avec toutes les interactions qui peuvent passer de la sphère professionnelle à celle de son champ intime ayant prise avec l'affect, tandis, que le commercial lui relève de l'inverse, il permet de sortir des dilemmes de l'Être pour rejoindre les évidences d'un système.

CONCRÈTEMENT
Quelques points de références :
par exemple dans la compréhension de la sexualité en massage, qui reste un de mes sujet permanent de réflexion, vouloir opposer l'intime au professionnel c'est manifester son intention de distinguer résolument les deux afin que l'identification reste stable et accessible lorsqu'on les sollicite. Malheureusement, les deux s'entre-mêlent de tant de rhizomes que l'incertitude demeure. En fait, ils ne permettent pas de sortir du dilemme profession et instinct alors que réinvestir le concept de commercialité en massage isole le sujet habituellement conducteur. Ce tiers vient s'interposer comme un stabilisateur vraiment intéressant.
L'idée est de formuler la question autrement que par les habituelles oppositions de genre qui mettent masseur et masseuses dans l'embarras. La commercialité c'est le principe d'échange commerciaux pris comme entité neutre.
Le rapport sexuel en massage parvient toujours, bon an mal an à jeter quelques ponts pour tenter de rabibocher momentanément profession (le positif) et instinct (le négatif) parce qu'ils restent toujours en contact quelque part.
Alors, Sens ou ab-sens ?
La crudité des sens ne remplace pas la crudité de l'absence lorsqu'on place le massage sur le terrain de la sexualité. Le contract suppose l'éloignement permanent.
Par contre, lorsqu'on conscientise le fait que le ou la massée vient chercher chez vous une expertise, un établissement, un bouquet de formations, une éthique forcément engagée, cela éloigne le spectre des conséquences que pourraient avoir un rapport sexuel entre masseur(se)/massé(e). Ce n'est plus le moi intime se débattant avec le moi sensé être professionnel qui pose problème, c'est le moi commercial, fiduciarisé, porteur d'image de légalité qui vient renforcer considérablement ma confiance et ma volonté d'être ce qu'on attend de moi.

Commercialité ou enseigne reste préférable à l'idée de réputation qui véhicule une sorte de valeur bourgeoise basée sur de l'image, par forcément juste, alors que la commercialité implique le contract, l'engagement mutuel sur un donnant donnant.
Attention, le massage reste un art de vivre et en massage français on ne parle pas de "Client" mais de personne, c'est là que prend fin l'utilité de l'emploi de ce néologisme jamais utilisé que comme flotteur destiné à départager l'intime et le professionnel et non comme une fin. Masser ce n'est pas gagner de l'argent pour avoir de l'argent, c'est trouver au travers du corps une base de dialogue délimité dans le temps.

La clairance
En massage on appelle clairance la capacité qu'a quelqu'un de distinguer la pratique d'un métier basé sur le corps des désirs spontanés qui déstabilisent l'esprit, chamboulent les sens et déconstruisent progressivement l'idée que l'on se fait de soit. Si le sexe est toujours la conséquence de mon massage, alors qu'il ne devrait passer que d'un corps à l'autre sans retours intimes, cela implique un court-circuit, une agrégation pathogène à l'estime de soi. Non pas que le sexe en massage soi destructeur mais c'est plutôt la place qu'on lui donne dans sa pratique et la corrélation qu'on en fait avec une technique qui ne l'implique pas spontanément qui le bouscule.

Ainsi, la dimension commerciale d'un massage n'est donc pas antinomique avec ses fondamentaux qui toujours se drape de gratuité tout détaché du matériel qu'il devrait être. Cela vient de la philosophie profonde qui irrigue l'ensemble de ces massages et du sentiment profond que l'on resent quand on masse, de donner autre chose, de participer à plus que le verbe ne nous permet de l'expliquer et qui dépasse la simple rémunération.
Un massage c'est le dialogue des affectes, c'est un verbe sans parole, encore plus primitif que de Dire, c'est du Faire au-delà de toute prédation.

Cabello Alain
Paris le : mardi 20 sebtembre 2011

 

Ce texte était sur mon blog http://massage-francais.hautetfort.com, je vous restitue le commentaire laissé par Sam Seaborn, de Washington dans la mesure où la réponse me semblait intéressante : jeudi, 22 septembre 2011

Très pertinente Alain cette réflexion... J'avoue que c'est une question que je me pose lorsque je pense à prendre un moment pour moi en me faisant masser. Certes, c'est au départ un lien "commercial" entre masseur et massé qui s'appuie sur la recherche d'une expertise, de talents, de connaissances, qui vont permettre au massé de s'évader, se détendre, se relaxer etc... Mais le massage induit aussi souvent une certaine sensualité, un érotisme très présent... Et le massé recherche cela aussi, soyons lucide... A quel moment, et qu'est-ce qui fait qu'on bascule sur l'intime lié à ce que tu appelles le professionnel ?. Est-ce que l'expression du désir du massé fait que peut-être inconsciemment le masseur monte d'un cran dans la sensualité et l'érotisme ? Et que l'un des buts ultimes du massage devient le plaisir donné, le plaisir reçu, le plaisir partagé ? Ton avis m'intéresse !

Réponse, le même jour.
Voilà, j'ai un peu complété mon article qu'il me faudra de toute façon travailler jusqu'à ce qu'il me semble le plus juste. Ton intervention fait plaisir mais j'aimerais que ce soit des masseurs qui se posent ce genre de question.
Dans l'ajout que j'ai mis je dis "Attention, le massage reste un art de vivre et en massage français on ne parle pas de "Client" mais de personne, c'est là que prend fin l'utilité de l'emploi de ce néologisme (commercialité) jamais utilisé que comme flotteur et non comme fin. Masser ce n'est pas gagner de l'argent pour avoir de l'argent, c'est trouver au travers du corps une base de dialogue délimité dans le temps d'une séance.
Ce que tu dis est juste, " le massage induit aussi souvent une certaine sensualité" pour ce qui est de l'érotisme, là il faut une intention orentative. Que recherche le massé ? Mais comme tout élément vivant il cherche la reproduction pour aller vers l'essentialisation lorsqu'il se complexifie comme l'homo sapiens. Mais aimer que cela se prolonge en quelque chose de plaisant n'est pas, assez paradoxalement antinomique avec le massage, quelque soit la forme que prend le sexe la séance est masso-compatible, ce qui l'oriente c'est la finalité profonde que l'on donne à l'instant. Le sexe pour toute satisfaction c'est la mise en veille de l'esprit. Penser c'est comprendre par l'interrogation le sens des choses. Le massage, doit-il de par sa proximité avec
le corps le satisfaire toujours par les mêmes capteurs sexuels ? La satisfaction accolé à l'esprit, celui des masseur/massé comme à celui de la technique c'est se rejoindre dans la culture autrement. Il me semble qu'aimer les mêmes choses, par exemple la peinture de Degat, c'est de la complicité qui porte en germe de la sexualité.

Concernant la bascule entre intime et professionnel, c'est ce que je tente encore maladroitement sûrement d'expliquer dans mon papier, c'est que les deux sont résolument liés puisqu'ils impliquent l'homme, on reste aux prises avec le corps. Dire, je ne doit pas abonder dans l'intime que relaie le massé afin de rester professionnel conserve à la question tout son potentiel d'attractivité, de gravité naturel des corps, par contre, dire, il y a contract, donc _nécessité de faire plus_ que _nécessité d'être_ change tout. Je suis payer pour dispenser ce qui est dispensable à tous, un massage, technique, sur une durée.
Pour ce qui est de ta dernière question, bien sûr que la sexualité de chacun est autant d'intrants de nature a s'influencer mutuellement mais comme dans la rue. Le masseur aussi dispose de sa propre force sexuelle ajoutée à toute l'expertise qu'il a du corps, de l'érotisme supposé et cela peu devenir lourd pour le massé qui a alors du mal à rester dans son massage. La question c'est où se situe le masseur ??? Et n'est-ce pas la pédagogie qui re magnétise les pôles. Par contre, le but ultime du massage n'est pas le plaisir donné, selon le massage c'est la concrétisation la plus juste de ce pourquoi il a été effectué, thérapeutique, bien-être etc. Le massage français c'est l'apaisement, je parlerais du dépliage le plus complet possible de soi, nettoyer consciencieusement par l'autre les scories de la semaine. C'est avoir résolument confiance dans une main et pour cela, tout masser implique aussi le dépliage du sexe exercé comme une surface sans enjeux. C'est cela pour moi être masseur ou masseuse en massage français mais quelque soit la technique adopté, aucun masseur(se) ne peut faire l'économie de cette réflexion.

Puis je précise mardi, 27 septembre 2011 :

Le massage est un infra-dialogue, un dialogue primitif des sens mise au service du bien-être mais qui ne veut rien dire d'autre que "être bien" en retrouvant l'espace d'un moment les rythmes naturels du corps. Le langage verbal humain répond à une nécessité communautaire organisationnelle, nous avons besoin d'outils plus sophistiquer pour vivre en groupe. En massage on est sur la cellule sociale simple, deux pôles, un passif, un actif et une écoute atavique, spontanée de l'autre te touchant dans l'intention "d'Être" avec toi. C'est ça qui fait la qualité d'un toucher, c'est ton empathie tactile et j'enrage de voir les masseurs et les masseuses s'emparer aussi peu de ces puissants courants marins qui oeuvrent sous leurs doigts sans même qu'ils ou elles ne tentent de les comprendre, de les interroger, de les discerner. Mon institut http://www.relaxation-francaise.fr est la caisse de raisonnance de tout cela et si je travaille autant à l'élaboration du http://www.cfdrm.fr/ de Paris c'est aussi pour que le massage devienne autre chose que quel que chose d'indéfinissable, c'est aussi de la culture.